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Saturday, April 9, 2011

"Les Djinns" by Victor Hugo

Illustration by Edmond Dulac




A swarm of evil djinns flying over - the famous crescendo and decrescendo of Victor Hugo's Les djinns

Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit.

La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

La rumeur approche,
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s'écroule
Et tantôt grandit.

Dieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!... - Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond!
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Ils sont tout près! - Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors! Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.

Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L'horrible essaim, poussé par l'aquillon,
Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!

Prophète! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs!

Ils sont passés! - Leur cohorte
S'envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés!

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

D'étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leur pas;
Leur essaim gronde;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
La nuit...
J'écoute: -
Tout fuit,
Tout passe;
L'espace
Efface
Le bruit...

Wednesday, February 16, 2011

La Belle de Cadix

La Belle de Cadix a des yeux de velours
La Belle de Cadix vous invite à l'amour
Les caballeros sont là
Si, dans la posada
On apprend qu'elle danse !
Et pour ses jolis yeux noirs
Les hidalgos le soir
Viennent tenter la chance !
Mais malgré son sourire et son air engageant
La Belle de Cadix ne veut pas d'un amant !
Chi-ca ! Chi-ca ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay !
Chi-ca ! Chi-ca ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay !
Chi-ca ! Chi-ca ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay !
Ne veut pas d'un amant !

La Belle de Cadix a des yeux langoureux
La Belle de Cadix a beaucoup d'amoureux
Juanito de Cristobal
Tuerait bien son rival
Un soir au clair de lune !
Et Pedro le matador
Pour l'aimer plus encor'
Donnerait sa fortune !
Mais malgré son sourire et son air engageant
La Belle de Cadix n'a jamais eu d'amant !
Chi-ca ! Chi-ca ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay !
Chi-ca ! Chi-ca ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay !
Chi-ca ! Chi-ca ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay !
N'a jamais eu d'amant !

La Belle de Cadix est partie un beau jour
La Belle de Cadix est partie sans retour !
Elle a dansé une nuit
Dans le monde et le bruit
Toutes les seguidillas !
Et puis dans le clair matin
Elle a pris le chemin
Qui mène à Santa Filla !
La Belle de Cadix n'a jamais eu d'amant !
La Belle de Cadix est entrée au couvent
Mais malgré son sourire et son air engageant
La Belle de Cadix ne veut pas d'un amant !
Chi-ca ! Chi-ca ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay !
Chi-ca ! Chi-ca ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay !
Chi-ca ! Chi-ca ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay !
Est entrée au couvent ! Ah !


Luis Mariano

Wednesday, January 19, 2011

O Catalinetta bella!

Tu n'as que seize ans et faut voir comme
Tu affoles déjà tous les hommes!
Est-ce ton oeil si doux
Qui les mine?
Ou bien les rondeurs de ta poitrine
Qui les rend fous?

O Catalinetta bella! Tchi-tchi
Écoute l'amour t'appelle Tchi-tchi
Pourquoi dire non maintenant? Ah... ah...
Faut profiter quand il est temps: Ah... ah...
Plus tard quand tu seras vieille, Tchi-tchi
Tu diras, baissant l'oreille, Tchi-tchi
Si j'avais su dans ce temps-là... Ah... ah...
O ma belle Catalinetta

Malgré les jolis mots, les invites,
Tu remets à demain, tu hésites...
Ça c'est, en vérité,
Ridicule!
Dis-toi bien, au fond, que tu recules
Pour mieux sauter!

O Catalinetta bella! Tchi-tchi
Écoute l'amour t'appelle Tchi-tchi
Pourquoi dire non maintenant? Ah... ah...
Faut profiter quand il est temps: Ah... ah...
Plus tard quand tu seras vieille, Tchi-tchi
Tu diras, baissant l'oreille, Tchi-tchi
Si j'avais su dans ce temps-là... Ah... ah...
O ma belle Catalinetta

Pourquoi donc te montrer si rebelle?
L'amour c'est une chose éternelle!
Demande-le, crois-moi,
A ta mère;
Elle l'a chanté avec ton père,
Bien avant toi!

O Catalinetta bella! Tchi-tchi
Écoute l'amour t'appelle Tchi-tchi
Pourquoi dire non maintenant? Ah... ah...
Faut profiter quand il est temps: Ah... ah...
Plus tard quand tu seras vieille, Tchi-tchi
Tu diras, baissant l'oreille, Tchi-tchi
Si j'avais su dans ce temps-là... Ah... ah...
O ma belle Catalinetta

Tino Rossi

Monday, November 22, 2010

The second coming


Louvre. Salle Egyptienne avec grand Sphinx, Guillaume Larrue (1851-1931). 69 x 88 cm.





















Turning and turning in the widening gyre 
The falcon cannot hear the falconer; 
Things fall apart; the centre cannot hold; 
Mere anarchy is loosed upon the world, 
The blood-dimmed tide is loosed, and everywhere 
The ceremony of innocence is drowned; 
The best lack all conviction, while the worst 
Are full of passionate intensity. 

Surely some revelation is at hand; 
Surely the Second Coming is at hand. 
The Second Coming! Hardly are those words out 
When a vast image out of Spiritus Mundi 
Troubles my sight: a waste of desert sand; 
A shape with lion body and the head of a man, 
A gaze blank and pitiless as the sun, 
Is moving its slow thighs, while all about it 
Wind shadows of the indignant desert birds. 
The darkness drops again but now I know 
That twenty centuries of stony sleep 
Were vexed to nightmare by a rocking cradle, 
And what rough beast, its hour come round at last, 
Slouches towards Bethlehem to be born?



William Butler Yeats